L’euthanasie n’est pas un acte médical.

Qu’entend-on par acte médical. Certains voudraient que l’acte médical soit seulement celui qui est exécuté par un médecin. Mais il existe des soignants non médecins qui produisent des actes de nature médicale. Que peut-on dire de la définition du médecin ou du personnel médical ? C’est celui (ou ceux) qui exerce(nt) la médecine. Qu’est-ce, alors, que la médecine ? Même s’il existe des nuances importantes dans les définitions, nous pouvons dire sans erreur que la médecine est l’art de s’occuper des personnes vivantes atteintes d’une maladie, en vue de leur rétablissement ou de leur soulagement. 

L’euthanasie ne vise pas le rétablissement des personnes. L’assistance au suicide ne fait que soumettre le prescripteur à une demande et ne vise pas plus le rétablissement ou le soulagement. Faire mourir quelqu’un en arguant qu’il s’agit d’un acte médical est donc une malhonnêteté. 

« Même si tout pâtir grave se profile sur fond de menace de mort et si l’échec de la médecine se manifeste éminemment avec la mort du patient, il est impossible de faire de la mort un objet pour la médecine. La mort a beau être l’issue d’une maladie, elle ne constitue pas elle-même une maladie. Elle échappe donc aux prises de la médecine, dont le champ est la vie. Comme le dirait le naïf de bon sens : tout mourant soigné par la médecine est encore vivant et, réciproquement, le patient décédé n’est plus un malade »1. 

En conséquence, on ne voit pas pourquoi le médecin serait sommé de procéder à l’euthanasie de ses semblables ou de satisfaire à toute demande de poison. 

Ainsi que le dit le serment d’Hippocrate, dans sa forme originelle, « J’utiliserai le régime pour l’utilité des malades, suivant mon pouvoir et mon jugement; mais si c’est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, je jure d’y faire obstacle. » Plus loin on peut lire : « Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l’initiative d’une telle suggestion ».

Ce serment a connu des modifications récentes qui en édulcorent la justesse et la portée philosophique pour le conduire à s’adapter à des désirs partisans. Mais la sagesse millénaire qu’il renfermait initialement demeure un guide sûr pour aujourd’hui. 

Quelle est la légitimité du médecin et des personnels médicaux auprès des mourants ? Leur activité est celle du soin, certes sans espoir de rétablissement, mais en visant le soulagement : c’est-à-dire soulager, accompagner, assurer une présence de vie humaine. En effet, plus que la production d’un acte technique qui est totalement contingent, lié qu’il est à une époque, celui qui exerce la médecine apporte guérison ou soulagement, en raison de la délégation qu’il reçoit de ses contemporains, en exerçant le devoir de présence humaine auprès de ceux qui souffrent.

 

  1. Folscheid Dominique et Wünenberger Jean-jacques, Chapitre L’objet de la médecine, in Philosophie, éthique et droit de la médecine, PUF, Paris, 1997.. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *