Ah ! Si nous les avions gardés chez nous !
Si nous avions entretenu une vie simple !
Si nous n’avions pas fui notre destinée !
Si nous avions aimé la frugalité !
Si nous n’avions pas abdiqué notre vie au profit de l’argent !
Si nous nous étions reçus comme des merveilles !
Si nous n’avions pas cru nous fabriquer !
Si nous avions accepté notre passé comme un cadeau !
Si nous n’avions pas couru la mode, le moderne, le postmoderne !
Si nous avions choisi les relations humaines !
Si nous n’avions pas laissé le pouvoir à de froides institutions !
Si nous étions engagés à assumer la part qui nous revient !
Si nous n’avions pas cherché notre satisfaction avant tout !
Si nous avions pris nos responsabilités face à l’adversité !
Si nous n’avions pas acquiescé aux manipulations des grands !
Si nous avions assumé notre charge de parents !
Si nous n’avions pas recruté des mercenaires pour éduquer !
Si nous avions aimé les odeurs des cuisines familiales !
Si nous n’avions pas acheté précuisiné !
Si vous avions su apprécier les paysages de notre enfance !
Si nous n’avions pas cédé à l’ivresse du kérosène !
Si nous avions prêté l’oreille à l’accent des gens d’ici !
Si nous ne nous étions pas enivrés de globish !
Si nous avions accepté la dépendance la plus naturelle !
Si nous n’avions pas coupé, séparé, éloigné !
Ah ! Si nous les avions gardés auprès de nous !
Si leur destinée ne nous était devenue étrangère !
Si nous leur avions prêté notre attention et notre amour !
Si nous n’avions pas oublié que papa et maman sont le socle sur lequel nous sommes bâtis !
Si nous n’avions pas accordé plus d’importance à nos futiles occupations, à nos frivoles relations !
Ah ! Si nous avions été là, simplement, tout près !
Ah ! Si nous avions choisi la vie de famille qui nous était offerte, avec ses joies et ses peines.
Combien vont mourir demain des affres de ce fléau ?
Entassés, agglutinés, lavés, changés, nourris, animés, hygiénisés, isolés, confinés et oubliés, coupés des leurs, de nous, de l’essentiel.
Ils mourraient, c’est sûr, de corona, c’est possible, mais pas d’ennui ni de solitude.