Le mot souverain dérive de l’adverbe latin super (au-dessus). Il désigne ce qui est « très excellent en son genre, qui est au plus haut degré » (Littré). Est souverain le pouvoir suprême dont découlent tous les autres. En droit, il appartient à une personne individuelle ou collective. En termes philosophiques, le pouvoir souverain est celui d’une personne ou d’un groupe de personnes. Tous les autres centres de pouvoir n’existent qu’en raison du souverain pouvoir. 

Ainsi, le pouvoir exercé par chacun, dans ce cadre, est subordonné au souverain. Il en traduit la volonté. Le subordonné parfait n’est que l’organe de cette volonté, une sorte d’objet ou plutôt, peut-être, d’esclave, lorsque sa volonté propre n’est pas mise en oeuvre. N’être que le rouage du pouvoir souverain sous-entend renoncer à sa volonté personnelle, à sa raison propre, à sa liberté. Or le propre de l’homme est d’être par excellence raison, volonté, liberté. Appeler ainsi à l’excellence de soi-même, c’est avoir la souveraineté sur son existence. Nous devons donc reconnaitre que la souveraineté est profondément attachée à l’humanité. 

Le pouvoir souverain oscille entre l’absolutisme et l’individualisme qui confinent l’un et l’autre au crime. Pour échapper à ces dérives, il n’y a qu’une seule solution : la souveraineté individuelle doit prendre position face au pouvoir du souverain, qu’il soit celui du monarque ou celui du demos. Pour que le pouvoir du souverain s’exerce, il faut donc que les personnes, par un acte ou par une démission de leur volonté, abandonnent partiellement ou totalement leur souveraineté propre. Que l’acte qu’il produit soit objectivement celui du bien ou du moins bien, voire celui du mal, le subordonné est souverainement responsable des conséquences de l’exercice du pouvoir du souverain, monarque ou populaire. 

L’acte par lequel une personne s’oppose, à juste raison et en droite conscience, au pouvoir souverain est la marque d’une souveraine responsabilité.